Liste Rouge des Odonates de France, depuis 1987…

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Page originale (version du 8 février 2024) – Odonates du Monde (©© byncsa – Cyrille Deliry – Histoires Naturelles)

La première liste rouge des Odonates de France est très ancienne et pionnière en la matière, puisqu’elle date des années 1980 (Dommanget 1987). Elle est partiellement actualisée selon les concepts UICN première génération (2 niveaux : EN, VU) dans un ouvrage des années 1990 (Maurin 1994), puis une version de travail a circulé à la fin des années 2000, selon les concepts UICN de seconde génération (3 niveaux : CR, EN, VU) (sous la direction de J.L.Dommanget en 2009). J’en avais fait à l’époque une lecture commentée. La version en vigueur est finalement publiée en 2016, suivi l’année suivante par un document technique détaillé (UICN France & col. 2016, 2017). La durée de vie d’une liste rouge étant d’une dizaine d’années, celle-ci deviendrait « obsolète » en 2027. Quelques premières pistes pour les nouveaux statuts des espèces se dessinent de manière plus ou moins claire1.

Liste Rouge nationale (2016) (com. 2024)

réf. – UICN France & al. 2016, 2017, C.Deliry (com. 8 février et 19 octobre 2024)

  • RE (disparues) : Leucorrhinia rubicunda, Sympecma paedisca
  • CR (en grave danger) : Nehalennia speciosa (cf. RE)
  • EN (en danger) : Coenagrion caerulescens, Sympetrum depressiusculum, Thalassalestes macrostigma (cf. CR) – [cf. EN : Paragomphus genei]
  • VU (vulnérable) : Aeshna caerulea (cf. EN), Coenagrion hastulatum (déclin), Coenagrion lunulatum (déclin), Coenagrion pulchellum (déclin), Ischnura graellsii, Macromia splendida (déclin), Sympetrum danae (déclin) – [cf. VU : Leucorrhinia pectoralis, Sympetrum vulgatum]
  • DD (mal connue) : Chalcolestes parvidens

Certaines espèces son remarquées par leur dynamique positive (en augmentation) : Anax parthenope, Boyeria irene, Calopteryx haemorrhoidalis, Calopteryx splendens, Coenagrion scitulum, Crocothemis erythraea, Erythromma viridulum, Eurothemis fulva, Lestes barbarus, Lestes virens, Leucorrhinia caudalis, Orthetrum brunneum, Simaeschna affinis, Simaeschna colubercula, Stylurus flavipes, Sympetrum fonscolombei, Sympetrum meridionale, Trithemis annulata. D’autres espèces bien que non menacées sont réputées en déclin : Aeshna juncea (NT), Aeshna subarctica (NT), Erythromma najas, Onychogomphus uncatus, Platycnemis acutipennis, Platycnemis latipes, Somatochlora flavomaculata, Sympetrum vulgatum (NT). Depuis cette date, plusieurs espèces en expansion se sont installées plus ou moins clairement dans le pays et étaient en catégorie NA (Non Applicable) : Paragomphus genei (découvert de populations viables en Corse), Brachythemis impartita, Orthetrum trinacria, Trithemis kirbyi, Selysiothemis nigra. Quant à Hemianax ephippiger, il a réalisé plusieurs venues importante dans le pays. Les indications de Pantala flavescens sont en augmentation semble-t–il, aussi.

Liste Rouge nationale (version préparatoire – 2009)

réf. – Dommanget & al. 2009.

A suivre…

Liste Rouge nationale (1987, ajustée en 1994)

réf. – Dommanget 1987, Maurin 1994.

  • Non confirmée après 1960 : Leucorrhinia rubicunda – Nehalennia speciosa
  • En Danger [1994] : Coenagrion mercuriale – Leucorrhinia albifrons – Leucorrhinia caudalis – Leucorrhinia pectoralis – Stylurus flavipes – Sympecma paedisca
  • Vulnérables [1994] : Gomphus graslinii – Ophiogomphus cecilia – Oxygastra curtisii
  • Insuffisamment documentée [1994] : Macromia splendida
  • Excessivement localisée : Aeshna caerulea – Coenagrion caerulescens – Coenagrion lunulatum – Coenagrion ornatum – Epitheca bimaculata – Somatochlora alpestrisThalassalestes macrostigma
  • Localisées, assez régulières : Aeshna subarctica – Coenagrion hastulatum – Somatochlora arctica – Sympetrum pedemontanum – Thecagaster bidentata
  • Effectifs assez faibles : Coenagrion scitulum – Cordulegaster boltonii – Ischnura pumilio – Onychogomphus uncatus – Sympetrum depressiusculum
  • Rares en plaine, espèces montagnardes : Aeshna grandis – Lestes dryas – Somatochlora metallica – Sympetrum danae – Sympetrum flaveolum
  • Statut particulier : Hemianax ephippiger – Ischnura genei, Ischnura graellsii – Pantala flavescens – Paragomphus genei

Références

  • Dommanget J.L. 1987 – Etude faunistique et bibliographique des Odonates de France. – MNHN, Inv. de Faune et de Flore, fasc. 36. – ONLINE
  • Dommanget J.L., Prioul B. & Gajados 2009 – Document préparatoire à une Liste Rouge des Odonates de France métropolitaine, complétée par la listes des espèces à suivi prioritaire. – SFO.
  • Maurin H. (éd.) 1994 – Le Livre Rouge. Inventaire de la faune menacée en France. – WWF, MNHN, Nathan, Paris : 176 pp.
  • UICN France & col. 2016 – La Liste rouge des espèces menacées en France – Libellules de France métropolitaine. – UICN France & col. : 12 pp. – [PDF LINK] – [TABLEAU]
  • UICN France & col. 2017 – La Liste rouge des espèces menacées en France – Chapitre Libellules de France métropolitaine. Paris, France. Rapport d’évaluation. Fiches techniques sur les espèces évaluées. – Document UICN France & col.
  • Houard X. (coord.) 2021 – 2020-2030. Plan national d’actions en faveur des « libellules ». Agir pour la préservation des odonates menacés et de leurs habitats. – OPIE, DREAL Haut-de-France, Min. de la transition écologique et solidaire, (2020), mars 2921 : 66 pp.

  1. [com. pers., Cyrille Deliry, 8 février 2024] – Les éléments désormais disponibles rendent compte d’une très forte probabilité de la disparition de Nehalennia speciosa (cf. RE), dont l’unique station française connue n’est plus occupée depuis plusieurs années. Le statut de « Thalassalestes » macrostigma suite à une très faible présence côté méditerranéen semble devenu critique (cf. CR), l’espèce n’ayant presque pas été notée sur le secteur de la Camargue en 2023, toutefois les éléments rassemblées sur la façade atlantque en 2023 et 2024 sont en faveur d’un maintien du statut EN malgré un déclin aggravé. La situation d’Aeshna caerulea en Haute-Savoie, seul département occupé dans le pays est affecté et le sera probablement plus encore dans les années à venir (cf. EN), en raison d’un assèchement récurrent de ses habitats d’altitude. Un déclin continu vient affecter les populations les plus méridionales de Leucorrhinia pectoralis (Landes, Isère, Ain par exemple), néanmoins la situation est complexifiée par de nouvelles découvertes de stations favorisées par une meilleure compréhension de l’habitat de l’espèce (cf. VU). Le déclin connu de Sympetrum vulgatum s’accompagne par une réduction et une disparition des stations situées aux plus basses altitudes et même si une possible colonisation des hauteurs se dessine, l’espèce tend à être plus menacée (cf. VU). Une série d’espèces est à réexaminer et celles-ci pourraient avoir changé de catégorie. Ainsi la situation de Coenagrion hastulatum et de Coenagrion lunulatum est à suivre, notamment en raison de l’assèchement récurrent des habitats, tout particulièrement pour la seconde espèce dont les populations sont localisées au Massif Central. Sympetrum danae ou d’autres espèces d’altitude (Aeshna juncea, A. subarctica, Somatochlora alpestris, S. arctica, Leucorrhinia dubia, Sympetrum flaveolum) semblent aussi concernées par cette difficulté. Des disparitions locales de Lestes sponsa sont à considérer (Vercors notamment). Le cas de Macromia « splendida » n’est pas claire, mais un réchauffement récurrent des eaux du secteur méditerranéen qu’elle occupe est actuellement observé et pourrait affecter la dimension des populations de cette espèce, déjà connue pour son déclin. Le cas d’espèces de la faune ordinaire comme Calopteryx splendens ou Calopteryx virgo est à considérer, car ces deux Odonates des eaux courantes disparaissent des têtes de bassin, asséchés de manière répétée en période nécessaire au développent des larves comme par exemple dans le Poitou. Ailleurs, la seconde fini par voir ses populations dominées par Calopteryx haemorrhoidalis comme dans la Drôme, car cette espèce méridionale paraît mieux adaptée à des eaux qui s’échauffent de plus en plus. Connu de très longue date en Corse, Paragomphus genei est bien installé sur l’île et c’est une espèce à considérer comme menacée. Des populations pérennes de cette libellule ont été récemment découvertes (cf. EN) et prises en compte dans le nouveau Plan National (Houard 2021). La progression de Lestes virens est apparente et se traduit par une montée en altitude et le remplacement de certaines populations d’autres odonates comme dans le Vercors. C’est alors Lestes virens virens qui vient s’installer. L’installation ponctuelle ou plus régulière d’espèce méridionale nouvellement arrivées est à examiner et le statut NA, n’est alors plus adapté pour Selysiothemis nigra ou Trithemis kirbyi. Cette dernière n’avait pas été encore observée en France alors que la Liste Rouge de 2016 a été publiée ! Pantala flavescens qui bien que très exceptionnelle en Europe occidentale encore est signalée désormais plus fréquemment et a été confirmée en France par au moins une observation. D’autres mentions restent à vérifier, mais le cas, s’il est intéressant, reste encore très anecdotique. De la même manière le cas d’Hemianax ephippiger qui montre des venues plus spectaculaires qu’auparavant est à étudier : la recherche de larves dont le développement est hivernal est à faire, notamment en Camargue ou dans le Languedoc-Roussillon, voire en Corse. Ce développement pourrait être plus régulier qu’on ne le sait et en conséquence l’espèce tiendrait dans cette hypothèse, au moins localement des populations autochtones sur l’ensemble de l’année. Par contre des nouvelles mentions de Lindenia tetraphylla en Corse en 2023, restent compatibles à des venues de migrateurs d’origine orientale à l’instar de ce qu’on observe ailleurs dans l’ouest du Bassin méditerranéenne où les seules populations régulières se trouvent notamment en Sardaigne et probablement en Tunisie. ↩︎